Rhumatologie pour les thérapeutes manuels L'appareil locomoteur : de sa physiologie aux traitements

Bernard MAZIèRES -

Eternelle question de tout enseignant : où placer la barre du savoir délivré en fonction du public visé ? Que dois-je dire du métabolisme du calcium à l'élève kinésithérapeute ou à l'étudiant en médecine, à l'interne se spécialisant en rhumatologie, au médecin généraliste ou au chirurgien orthopédiste ? Jusqu'où descendre dans le détail pour ceux-ci, comment épurer l'essentiel pour ceux-là ? La réponse apportée varie selon les enseignants ; surtout, certaines formations bénéficiant d'une longue tradition ont su répondre au fil du temps, au moins pragmatiquement, à la question posée. Mais quarante ans d'enseignement m'ont appris que ce n'est pas si simple, que les connaissances se chevauchent, que ce qui est essentiel pour comprendre la biomécanique de base d'un os n'a que peu à voir avec le métabolisme de l'ostéoclaste, mais que connaître ce même métabolisme est indispensable pour appréhender la genèse de l'ostéoporose. De même, c'est la sémiologie seule qui me sert pour diagnostiquer une polyarthrite rhumatoïde et non l'immunologie, mais si je veux comprendre — et maintenant traiter — ce rhumatisme inflammatoire chronique, c'est pourtant elle qui m'est nécessaire. Et si la question était mal posée ? Puis-je ' raisonnablement ' utiliser le savoir de la littérature scientifique, mâtiné de l'expérience pédagogique et d'une pincée de bon sens pour donner un aperçu global de l'appareil locomoteur, de sa physiologie, de sa sémiologie, de ses diagnostics et de ses traitements sans être indigeste et illisible, ni simplificateur et réducteur ? Si oui, la question de la cible de ce livre ne se pose plus : tous ceux concernés par l'appareil locomoteur, le système ostéo- articulaire ou l'appareil musculo-squelettique, sont ici invités. Il ne s'agit ni d'un traité exhaustif de rhumatologie ni d'un cahier utilitaire de préparation à un quelconque concours. La logique veut présider à sa composition, l'emboîtement des connaissances faciliter son apprentissage, le découpage en grands chapitres de physiologie, sémiologie et pathologies le rendre utile, car opératoire. Reste la thérapeutique. De tous ces chapitres, c'est celui qui sera le plus vite périmé. Je le souhaite : cela voudra dire que nous avons progressé pour le plus grand bien de nos malades. On ne trouvera pas ici de données concernant les thérapies manuelles proprement dites, mais on ne peut comprendre et pratiquer ces techniques sans une bonne connaissance de chapitres entiers de la rhumatologie.